Déchets, Vestiges ?

Pendant l’année scolaire 2005-2006, deux classes de 5e du Collège Simone Veil ont travaillé ensemble sur un projet culturel et écologique, soutenu par la Région Rhône-Alpes. Ce projet allie une découverte du travail des archéologues, avec une prise de conscience du problème lié à la multiplication et à la durée de vie des déchets, particulièrement quand ils sont abandonnés dans la nature.

Déchets, vestiges

Phase de préparation et travail sur site

  • Sensibilisation à l'archéologie lors d'une visite-atelier au Musée gallo-romain de Fourvière : « Que nous reste-t-il de l’époque romaine ? Comment procède-t-on à une fouille archéologique ?... ».
  • Observation depuis l’esplanade de Fourvière du tracé du Rhône et de la Saône, et repérage sur un document des parcours à l’époque gallo-romaine.
  • Lors d’une sortie aux bords de la Rivière L'Azergues, une personne-ressource du Contrat de Rivière a expliqué comment tel ou tel objet avait pu arriver là, combien de temps il risquait de rester sur le site, avec un danger de pollution plus ou moins important. Beaucoup de ces déchets ont été photographiés, puis évacués vers une décharge ou rapportés au collège. Le professeur de SVT s’est exprimé sur la station d’épuration et la question du traitement des eaux usées.

Les objets récupérés ont fait l'objet d'une étude (matériaux, origine, état de dégradation, interprétation) sur des fiches imitées des fiches de chantiers archéologiques.
En technologie, une séance a été consacrée à la notion de durée de vie et d’évolution des matériaux, en milieu humide ou non.

Phase de réflexion

Nous avons tenté d'imaginer le travail des archéologues dans 1000 ans.

  • À partir d’exposés, tirés de documentations scientifiques et de quelques textes de la littérature de science-fiction., nous avons examiné divers phénomènes climatiques (réchauffement, couche d’ozone, sécheresse, rayonnement solaire…) et diverses technologies récentes (traitement des déchets nucléaires, clonage, OGM), et leurs conséquences possibles sur notre environnement.
  • En séquence imaginative, nous avons proposé un « portrait » de la Terre, des groupes humains, et des archéologues en l'an 3000.
  • Nous avons rédigé des « fiches musée » pour quelques objets-déchets : qui pourra comprendre ce qu'est un désherbant, s'il n'y a plus d'herbe sur terre, ou si l'on vit sous terre ! Il fallait « se mettre à la place » de l’archéologue du futur, imaginer ce qu’il pourrait percevoir de notre époque à travers son propre vécu ; démarche encore difficile en 5e, mais réussie. Cette dimension ludique du travail a aussi révélé une belle capacité à prendre du recul et à jouer de l’ironie (Voir extraits ci-contre).
  • En cours d’Arts plastiques, un groupe d’élèves a travaillé sur l’assemblage de divers objets collectés, pour créer un totem et un panneau mural.

Une exposition comme synthèse du travail


Nous avons organisé ce travail dans une exposition informative, vivante, voire drôle, qui fut présentée en juin aux élèves du collège et à leurs parents. Elle a aussi été invitée par les organisateurs du Forum des Associations de Châtillon en septembre 2006.

Contenu de l’exposition

  • Un panneau préalable sur le danger que courent les archives de l’an 2000. C’était le postulat de départ : nos successeurs dans 1000 ans n’auront plus d’autres sources sur notre époque, que les objets qui auront résisté à la dégradation.
  • Deux panneaux « portraits » de l’environnement de nos successeurs en 3000.
  • Une vitrine avec divers objets accompagnés de leur fiche-musée.
  • Un panneau de photos des gros déchets trouvés sur les berges de l’Azergues et emportés aussitôt en déchetterie, avec rappel de la durée de vie de quelques matériaux dans la nature.
  • Un panneau avec une conclusion pédagogique : « Ne risquons pas l’irréparable, contrôlons notre consommation et nos déchets ».
  • Deux productions plastiques réalisées avec des déchets : un totem, et un panneau mural.
  • Trois tables présentaient divers petits déchets triés selon un même critère : quels matériaux auront ou non « survécu » dans 1000 ans ?

Extraits des fiches musée

 

"Bidon

Rectangulaire, couleur blanche. Matière plastique. Quelques traces d'écriture. Un seul mot reste lisible : "désherbant".
On ne sait pas ce qu'est cet étrange objet. Peut-être un bidon qui servait de réserve d'eau pour les hommes de l'an 2000
 ?
Désherbant a pour radical "herbe". Mais que veut dire ce mot ? Dans les dictionnaires, on trouve : "désherbant : produit chimique qui servait à détruire les mauvaises herbes" Détruire quoi ? Là est la question !
On sait que nos ancêtres de l'an 2000 vivaient au-dessus de nous (la pollution ayant envahi la surface, nous devons vivre sous terre). Ce bidon nous le garderons, en souvenir de nos ancêtres : les générations futures connaîtront ainsi son histoire.
Elise, Aurélie."

"Récipient

Aluminium. L'objet est long, rond, rouge et blanc. Lettres dorées formant le mot : "Kronenbourg".
Le nom Kronenbourg était peut-être celui d'une ville, ou d'un personnage célèbre. Ce récipient devait contenir de l'eau gazeuse, ou toute autre boisson gazeuse. Il a pu être utilisé lors de fêtes religieuses en l'honneur de Kronos, dieu grec du Temps
. Jonathan."

"Le Remmag RP

Cet objet métallique, fait d'un vieux métal inutilisé de nos jours (peut-être d'après des sources anciennes, d'un métal appelé cuivre ou laiton) est sans doute un petit récipient, genre bouteille. Il contenait peut-être un produit rare, éventuellement un médicament, un sérum (le REMMAG RP comme l'indique l'inscription ) puisque cet objet porte une autre inscription "7 mm" qui pourrait indiquer la contenance de la dose à prendre. Cet objet a été trouvé près des ruines du château de Châtillon. Les humains de l'an 2000 l'utilisaient-ils pendant les guerres pendant lesquelles beaucoup de maladies se propageaient ? Damien , Pierre."