La réhabilitation de la rivière La mouche

Situés au cœur d’un territoire destiné depuis plusieurs décennies, et pour sa grande majorité, à l’implantation d’activités économiques (industries, entreprises de secteur tertiaire, commerces, etc.), les abords de la Mouche ont été aménagés en profondeur et de manière irréversible. Ses innombrables richesses tant humaines que naturelles ont subi de plein fouet cette destinée. Mais il reste encore des raisons de se battre.

La réhabilitation de la rivière La mouche

Ces raisons de se battre sont :

  • pour sauvegarder ce qui peut en rester,
  • pour faire connaître son histoire, source de nombre de leçons,
  • et parce que l’enjeu de ce site se situe à un niveau plus élevé puisqu’il représente à lui seul l’exemple même, à l’échelle réduite, de l’impact négatif de l’homme sur la nature mais également de ce qui peut être fait pour le limiter.

L’espace de vie de ce cours d’eau est réduit à peau de chagrin sur la quasi-totalité de son parcours et de son bassin versant. Autrefois ravissant tout au long de ses quelque 3,5 km, il prend aujourd’hui l’aspect, par endroit, d’un vulgaire égout servant de zone de rebut, de collecteur d’eaux de toutes sortes puis, quelques mètres plus loin, il constitue un espace naturel d’une valeur patrimoniale inestimable.

L’objectif principal est de montrer qu’il est possible de concilier en un même lieu à la fois développement économique et conservation du patrimoine. Cela par une démarche exemplaire de concertation entre les différents acteurs (aménageurs, élus, habitants, associations, etc.) qui s’inscrit dans un vaste projet d’aménagement et de réhabilitation écologique de ce cours d’eau, initié par la FRAPNA Rhône depuis 2000.

Faire prendre conscience aux acteurs locaux du caractère exceptionnel de ce cours d’eau comme de la nécessité urgente de le réhabiliter se révélaient en effet de toute première importance. Ceci passe par la programmation d’actions concrètes et immédiates sur le terrain. Aussi, les trois premières années ont-elles été le cadre de nombreuses journées écovolontaires, d’animations et de soirées d’information médiatisées (presses, télévisions locales, bulletins municipaux, etc.).
La nécessité d’inscrire ces efforts de réhabilitation de manière concrète et durable en faisant s’impliquer des partenaires institutionnels compétents en la matière se fit sentir rapidement. C’est pourquoi, la CATER (Cellule d'Assistance Technique à l'Entretien des Rivières) du Conseil général du Rhône fut sollicitée afin de co-rédiger avec la FRAPNA Rhône, le "Plan de Gestion Pluriannuel pour la restauration, l’entretien de la ripisylve et du bois mort" relatif à ce cours d’eau. Cet ouvrage, valable cinq ans, préconise un certain nombre d’aménagements réalisés par les Brigades Vertes ou Brigades de rivière.

Au fur et à mesure de la multiplication et de la médiatisation de ces différentes actions, la FRAPNA a pu ainsi devenir un partenaire quant aux réflexions portant sur l’avenir de ce site et participant à un échange constructif avec l’ensemble des élus et aménageurs concernés par ce secteur pour une réelle prise en compte du volet environnement dans le projet d'aménagement.
Ce travail de veille (participation aux réunions, prises de parole, etc.) auprès des élus et techniciens a permis à la FRAPNA de proposer un certain nombre de réponses, d’orientations et de solutions avec une vision partagée a priori par peu d’acteurs. Le rôle de médiateur et d’intermédiaire a été consolidé par la Communauté urbaine, en concertation avec les trois communes concernées (Saint Genis-Laval, Pierre-Bénite, Irigny), qui a missionné la FRAPNA Rhône pour une étude portant sur la réhabilitation écologique de ce cours d’eau.

La communication

La porte d’entrée de la FRAPNA Rhône sur le site a été la découverte d’une famille de castors sur une portion de cours d’eau. Il est facile de montrer le fait qu’une nature sauvage, avec ses bons (paysage, quiétude…) comme ses mauvais aspects (inextricabilité, vase, bois mort…) peut coexister au côté de zones de développement humain poussé.
La complicité avec des journalistes de France 3 a fait le reste : une séquence de 2mn 45 en juillet 2004 diffusée jusque dans la Loire et le Jura. L’affût au castor fut la porte d’entrée pour présenter le site et ses enjeux ainsi que la position de la FRAPNA par rapport aux projets futurs d’aménagement.

L’écovolontariat

Permettant de tirer la sonnette d’alarme et de faire prendre conscience, l’écovolontariat est aussi un moyen de montrer que c’est une solution très efficace pour répondre à des besoins concrets d’aménagement sur des sites naturels sensibles, pour lequel les moyens lourds et coûteux (pelleteuses, terrassement…) se révèlent plus néfastes que bénéfiques.
La réhabilitation d’aulnaies marécageuses par plus de trente personnes et cela en une seule journée a été une très grande réussite.

L’éducation

L’ensemble du projet a fait l’objet de deux autres films, un dans le cadre de « merci dit la planète » et un autre dans le cadre de « Jeunes Reporters pour l’environnement ».

Sur le même sujet

Interview de Raphaëlle Thiollier cheffe de projets « cours Oasis » à la Ville de Paris
La Ville de Bourg-en-Bresse a souhaité intervenir sur l’ensemble de ses écoles d’ici la fin du mandat avec un objectif d’au moins 50 % de désimperméabilisation.
La végétalisation des cours d’école dépasse la transformation d’un espace pour enfants et devient souvent un enjeu de débat.