Participation d'habitants à la conception d'un écoquartier

Profitant d'un terrain libre qui jouxte le centre ancien, la municipalité de Saint Georges d'Orques (34) a engagé un projet d'écoquartier dans l'idée de redynamiser le centre du village et de répondre à la demande importante de logements. En septembre 2008, alors même qu'aucun urbaniste n'avait été choisi pour s'occuper de la conception de ce futur quartier, elle a fait appel à nous, association Robins des Villes, pour mobiliser les habitants et animer un dispositif de dialogue avec la population autour de ce projet. Cette mission s’est terminée en avril 2009.

Photo GRAINE ARA

Un centre à redynamiser

Entouré de vignes, Saint Georges d'Orques est un village d'environ 5000 âmes situé en banlieue de Montpellier. Comme beaucoup de communes en périphérie de grandes agglomérations, elle a vu de nombreux lotissements se construire autour de son centre depuis les années cinquante. Elle est encore soumise à une pression foncière importante. Aujourd'hui, malgré la fête du village chère aux Saint Georgiens de souche, le centre souffre d'un manque d'animation car peu habitants le fréquente ... à tel point que beaucoup d'entre eux le considèrent comme un « village dortoir ».

Le diagnostic partagé des usages

Nous avons commencé par rencontrer les habitants individuellement, en petit groupe, chez eux ou sur l'espace public, afin de recueillir leur point de vue sur le fonctionnement actuel du village et leurs attentes par rapport au projet d'écoquartier. Il en est ressorti que l'essentiel des habitants se retrouvait autour de l'idée d'apporter de la vie dans le centre avec toutefois des craintes sur l'écoquartier et la densité. Beaucoup redoutaient qu'il faille construire et vendre des logements et donc « bétonner » pour que le projet soit financièrement viable (« On ne veut pas de tours à Saint Georges ! »). Nous avons également pu en tirer une cartographie représentant le point de vue des habitants sur les questions de déplacement, d'usages d'espace public, de patrimoine, et de centralité qui constituait une information précieuse pour pouvoir concevoir un projet cohérent avec le territoire.

Afin que ce diagnostic soit réellement « partagé », nous avons organisé des ateliers au cours desquels nous avons présenté nos analyses aux différents groupes d'intérêt (parents d'élèves, commerçants, habitants proches du périmètre). Cela nous a permis d'une part de confirmer et d'affiner nos analyses, et d'autre part de mieux cerner la position de chaque groupe par rapport au projet et ainsi les conflits qu'il risque de générer. L’objectif de ce premier temps d’échange collectif est de passer de l’expression individuelle à l’expression collective.
Afin de restituer la version finale du diagnostic et d'inviter les habitants à participer à la suite de la démarche, nous avons organisé une réunion publique d'information ouverte à tous.

Les différents temps de rencontres ont été annoncés par le biais d’une campagne d’affichage dans le village, par le relais d’information dans la gazette municipale et enfin par des articles dans la presse locale.

Sensibilisation et propositions

Afin de les impliquer dans la phase projet, nous avons donné la possibilité aux participants de se rencontrer, d'échanger leur point de vue, de débattre autour de leur vision du futur centre. Nous avons pour cela organisé deux ateliers qui leur ont permis :

  • de prendre connaissance de projets d'aménagement équivalents afin de leur donner une idée du champ des possibles, et de les rassurer par rapport à leur crainte du « bétonnage » en leur montrant des quartiers denses sans, pour autant, d’immeubles hauts ;
  • de formuler des propositions sur les questions d'espace public («Pour apporter de la vie dans le centre, il faut une grande et belle place »), de déplacement (« Un écoquartier est forcément essentiellement piéton »), de commerces et d'équipement public (« Pour qu'un centre soit vivant, il faut des terrasses de café »).

L'ensemble de ces discussions a été synthétisé en quarante-deux propositions consignées dans un cahier des charges usagers soumis aux élus et à l'équipe d'urbanistes qui a pris notre relais. Chaque proposition a fait l’objet d’un argumentaire expliquant pourquoi elle a été retenue ou pas.

Bilan de la concertation

Il nous semble que notre intervention à Saint Georges a été bénéfique à plusieurs titres. En terme de mobilisation, une association d'habitants s'est montée pour continuer à contribuer à l'élaboration du projet après notre départ. En terme de qualité du projet, le point de vue des habitants sur leur village et les nombreuses propositions qu'ils ont formulées, autrement dit l'expertise d'usage, ont largement été intégrés au projet. Ce qui nous laisse espérer que, malgré les divergences de point de vue entre les différentes parties prenantes, cette démarche aura permis d'instaurer entre les acteurs une relation confiance.

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