Certaines parties de l’article sont extraites de « L’autre PAROLE », La Maison du Conte de Bruxelles, n°19-20, juillet 2005 avec l’autorisation de Nadine Decourt.
Conte et diversité culturelle
« Les contes, en leurs diverses formes, comme les autres genres de la littérature orale, appartiennent à tout le monde. Ils offrent vite des ressemblances suffisamment troublantes pour intriguer les plus jeunes et générer des questions de haute volée sur l’unité de l’homme et la diversité des cultures. Il est intéressant de provoquer déjà ainsi l’irréversible découverte du fait de variation. Le Chat à paires de bottes chez Perrault et ses héritiers, est singe ou chacal au Maghreb, chatte en Norvège, renard en Corrèze. Voilà qui autorise chacun à dire ses identités et appartenances multiples, à oser entrer dans un travail de partage, sur le mode du « nous », à prendre la parole. »
Dans un « jeu du même et de l’autre »
...dans l’à-propos du moment et selon un principe de plaisir partagé
- Travailler l’écoute et la parole, structurer la confiance.
- Explorer, inventorier les patrimoines disponibles, construire une mémoire collective du et des groupes, qui va s’étoffer au fil des séances et au fil des années, compte tenu des cultures en présence.
- Enquêter sur les pratiques des uns et des autres.
- Collectionner les formules d’ouverture et de clôture, les refrains, pour le plaisir des mots et le goût de la langue et des langues.
- Comparer plusieurs versions d’un même conte, en extraire la matrice, inventer sa propre version.
Si les contes ont le pouvoir de transmettre les discours que les sociétés se tiennent à elles-mêmes, ainsi que le définissent les ethnologues, ils peuvent remplir une mission cruciale : celle de créer des espaces de rencontres et de curiosité, dans un jeu du même et de l’autre qui permet de penser le pluriel des sociétés, d’inventer des passages, dans un monde de connaissances en mouvement. »
Conte, « entre enracinement et découverte »
« Le conte de tradition orale, dans son imperfection même qui le rend si parfait, a cette capacité d’actualisation qui lui permet, par la bouche du conteur, d’exprimer les questions, les peurs, les espoirs du moment : peur de l’inconnu ou d’avoir faim, désir d’amour ou de spiritualité, quête de solidarités avec le monde qui nous entoure. La mondialisation profite donc aux contes et aux conteurs, et réciproquement. La littérature orale ouvre de fait un chantier sans frontières de genres, de langues, de pays, à l’imaginaire des mondes contemporains. S’y réfléchit la tension entre l’enracinement et le nomadisme, le local et le global, la pensée des liens.
Le colportage n’est pas une chose nouvelle, les terroirs ont toujours été des lieux de rencontres et de traverses.
Le conte est particulièrement opérateur de trans-culturalité, de trans-nationalité ou régionalité. L’imaginaire du terroir s’y déploie au croisement des flux globaux, des mondes possibles. »