Le troc agricole : du producteur au consommateur ou l’histoire d’un espace agricole oublié

En 2002, la mairie de Saint Genis Laval et le Grand Lyon ont lancé un appel d’offre afin de faire connaître les espaces agricoles de la commune aux enfants. Naturama a répondu en proposant un scénario particulier : quatre séances pédagogiques réparties sur l’année pour connaître l’histoire de l’agriculture, les différentes productions locales, rencontrer un agriculteur, découvrir le paysage, et comprendre les enjeux de préservation des espaces agricoles pour la biodiversité.

Naturama

Pallier les manques de connaissance en agriculture

Suite à plusieurs constatations, ce programme pédagogique mis en place dans douze classes des quatre établissements scolaires de la commune a évolué. Tout d’abord, les enfants du cycle 3 ne connaissent pas leur commune et leur environnement proche (bien souvent les parents ne connaissent pas eux-mêmes la commune). Ils n’ont par ailleurs aucune idée des réseaux de distribution, des fruits et légumes produits localement et n’ont pas conscience de l’impact de leurs gestes au quotidien en tant que consommateurs.

Ouvrir les yeux sur les enjeux environnementaux

Dès lors, nous essayons, sans culpabiliser qui que ce soit, de montrer aux enfants qu’il est préférable de faire travailler les producteurs locaux pour préserver la nature, qu’il existe des goûts et des saveurs particulières dans nos régions.
Aussi, la démarche pédagogique adoptée par Naturama met en avant l'importance aujourd'hui de :

  • privilégier des circuits de consommation courts. En effet, la réduction du temps de transport entre producteurs et consommateurs favorise la baisse de la consommation d'énergies () et réduit les émissions de polluants. Ce mode d’échange est donc une réponse à la crise énergétique actuelle et à la hausse de la pollution due à d’énergies fossiles.
  • préserver l'environnement par une réduction de l'utilisation des pesticides et des phytosanitaires.
  • conserver et protéger l'agriculture locale.

Il s’agit finalement de remettre en question nos modes de production et de consommation de telle sorte qu’ils s’inscrivent dans une démarche de développement durable. Les enfants sont donc amenés à prendre conscience que si chacun, en tant qu’acteur-consommateur du circuit de distribution alimentaire, adopte un comportement écocitoyen (ex : acheter local et de saison), la lutte pour la préservation de l’environnement s’en trouvera renforcée.

Au-delà de ces seules considérations écologiques, un enjeu culturel et historique essentiel vient donner de l’ampleur à la démarche : il s’agit également de ne pas voir disparaître un patrimoine agricole ancré historiquement sur un territoire et aujourd’hui menacé de disparition.

Nous essayons de montrer aux enfants qu’il est préférable de faire travailler les producteurs locaux pour préserver la nature, qu’il existe des goûts et des saveurs particulières dans nos régions. 

Des pistes pédagogiques innovantes

De fil en aiguille, nos interventions se sont de plus en plus tournées vers une (re)découverte des fruits et légumes grâce à l’intervention d’une nutritionniste chargée de présenter aux enfants les bienfaits d’une alimentation saine et équilibrée.
Nous proposons aujourd’hui à toutes les classes de participer en fin d’année à un marché des connaissances. Celui-ci prend la forme d’une grande « fête de l’agriculture » réunissant sur deux jours parents et enfants autour d’une exposition de panneaux réalisés en classe. Ces panneaux retracent par des photos, schémas ou dessins la visite des enfants chez les agriculteurs partenaires et l’ensemble des connaissances qu’ils auront acquises en classe. Une animation spécifique est née de cette expérience, elle s’intitule : « l’assiette écocitoyenne ».
Elle rassemble divers jeux portant sur l’origine des fruits et légumes dans le monde, la reconnaissance des productions locales, la qualité nutritive ou gustative des fruits et légumes, etc.

Une démarche créatrice de liens

Suite à nos interventions, plusieurs producteurs qui avaient accepté de recevoir des classes ont vu les familles revenir dans leur exploitation pour acheter directement leurs produits. Cette inversion consommateur vers producteur est le résultat de la création de liens interculturels et intergénérationnels qu’a favorisé cette opération entre agriculteurs et enfants d’une même commune.

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